A l’occasion des Convergences Touristiques organisées par le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie à Carcassonne le 19 novembre 2024, Simon Buoro a pu échanger avec des professionnels de la filière du tourisme en Occitanie. La thématique de la journée était “Adaptation du secteur du tourisme au changement climatique”.
De nombreuses choses positives ressortent des échanges avec les autres participants, des plénières et tables rondes auxquelles Simon a pu participer.
1️⃣ Prise de conscience de l’impact du réchauffement climatique sur l’activité touristique
L’ensemble de la filière du tourisme en Occitanie est très consciente de l’impact du réchauffement climatique sur l’activité touristique et l’attractivité du territoire, et sait pertinemment qu’il faut agir maintenant et qu’on ne peut plus attendre.
La fréquentation de certaines zones touristiques a par exemple baissé à cause de l’effet de communication négative des médias sur les sécheresses ou les inondations, dans les Pyrénées Orientales par exemple.
Deux chiffres pour se rendre compte de l’impact du réchauffement climatique sur le tourisme en Occitanie :
75% de l’offre touristique en Occitanie sera exposée aux fortes chaleurs en 2050 (contre 2% aujourd’hui).
Les zones exposées aux fortes chaleurs sont celles pour lesquelles la température en journée va dépasser 30°C au moins 35 jours par an, et/ou la température la nuit va rester supérieure à 20°C au moins 50 jours par an.
Toute la côté méditerranéenne va être impactée par ces fortes chaleurs, alors que c’est aussi une des zones les plus denses en hébergements touristiques.
Seules la chaîne des Pyrénées et la Lozère semblent épargnées face aux fortes chaleurs, car les températures moyennes y sont déjà plus basses habituellement. Il ne faut pas s’arrêter à cette première analyse des fortes chaleurs, mais aussi regarder l’augmentation de la température moyenne localement.
Les Pyrénées vont subir une augmentation de la température moyenne de +2,6°C en 2050 par rapport à la période 1976-2005 (contre +2,1 °C en moyenne sur la France métropolitaine).
👉 Nous vous invitons à découvrir la super étude du CRTL Occitanie et de l’INSEE : https://outils.crtloccitanie.org/gp/insee-fc & https://www.insee.fr/fr/statistiques/8287362
2️⃣ Agir sur l’atténuation et l’adaptation en même temps
Les professionnels du tourisme ont compris qu’il fallait autant agir sur l’atténuation des causes du réchauffement climatique que sur l’adaptation à ses effets.
Le tourisme est responsable d’environ 11 % de la production de gaz à effet de serre (GES) en France. 77% des ces GES proviennent des déplacements des touristes, et 41% des déplacements en avion.
Il y a donc un enjeu majeur pour l’ensemble de la filière du tourisme de proposer des solutions moins carbonées pour se déplacer depuis son lieu de vie jusqu’à son lieu de vacances, et pour se déplacer une fois sur place. Le maillage du territoire des transports en commun et le développement des pistes cyclables sont des pistes sérieuses qui serviront à la fois les touristes, mais aussi les habitants des zones touristiques.
L’hébergement est le deuxième poste de production de GES. La réduction de la consommation énergétique et la consommation d’eau est donc une priorité à la fois écologique et économique (l’augmentation des prix de l’eau et de l’énergie ayant un impact non négligeable sur les charges des établissements).
ILYA propose des solutions d'économies d'eau et d'énergie dans la douche pour réduire l'impact environnemental de ce geste qui représente en moyenne 40 à 45% de la consommation en eau des hôtels.
3️⃣ Les nouveaux récits du tourisme durable en Occitanie
L’adaptation aux effets du réchauffement climatique passe aussi par de nouveaux récits.
On ne pourra plus voyager en 2050 comme on voyage aujourd’hui.
Il va falloir changer notre vision du voyage, changer de paradigme sur la manière de voyager et de “consommer” son voyage.
Il ne faut pas chercher des solutions qui permettront de faire “comme avant” mais bien de réfléchir à une nouvelle offre touristique, adaptée à la fois à ses clients, mais aussi à son environnement.
Il existe déjà des acteurs qui proposent des alternatives durables pour se déplacer ou s'héberger en vacances.
Quelques exemples :
Se déplacer : Hourrail !, Occitanie Rail Tour, Bivouak...
S'héberger : We Go GreenR, GreenGo...
S'inspirer : Olyslow...
4️⃣ La coopération indispensable entre les acteurs du tourisme
Les professionnels du tourisme sont prêts à travailler ensemble, main dans la main, sur ces enjeux de tourisme durable.
La coopération est d’autant plus importante que chacun s’inscrit dans son environnement touristique : les hébergements, les restaurants, les lieux culturels, les parcs nationaux…
Le rôle des Offices du tourisme est particulièrement central entre tous les acteurs. Leur connaissance de l’offre touristique du territoire et des besoins/envies des voyageurs les place de fait dans une position centrale sur les réflexions sur le tourisme de demain. Ils peuvent jouer un rôle de coordination qui permettra à tous d’avancer ensemble dans la même direction.
5️⃣ Accompagnements et financements : la clé de la réussite
Beaucoup d’acteurs accompagnent les professionnels du tourisme dans leur transition, mais les solutions sont difficilement identifiables et les financements compliqués à mobiliser.
Entre le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie, la CCI Occitanie et ses antennes départementales, les départements, l’ADEME, les Agences de l’Eau, We Go GreenR et Betterfly Tourism, VIATERA… les professionnels du tourisme ont un paquet de structures vers qui se tourner pour engager des démarches de transition.
Plusieurs labels (Clef Verte et l’Écolabel Européen pour ne citer qu’eux) valorisent d’ailleurs ces démarches et les résultats obtenus par les établissements, les lieux culturels et les territoires.
ILYA s'est associé avec VIATERA qui accompagne les hôtes (hôtels et locations de vacances) dans leur transition écologique et attribue une certification de durabilité aux hébergements. En fonction de leur engagement, les établissements reçoivent des Eco Leaves pour renforcer leur attractivité auprès des voyageurs éco-responsables.
Deux points d’attention ressortent toutefois de cette journée des Convergences Touristiques :
il existe plein de solutions (souvent locales !) pour agir sur la transition du secteur touristique, mais elles sont difficilement identifiables par les professionnels.
Open Tourism Lab a mis en avant certaines de ces solutions avec la première édition de son Concours Résilient - Tourisme Tech for Good en novembre 2024, concours auquel ILYA a candidaté.
C’est un besoin qui a été clairement énoncé lors d’une table-ronde : il faut rendre visible et accessible les solutions déjà existantes.
les financements de la transition écologique sont compliqués à mobiliser.
Les appels à projets ou les enveloppes sont souvent limités dans le temps, et très souvent limités en moyens. Alors qu’il est nécessaire et urgent d’investir sans attendre dans la transition écologique.
Les dispositifs sont eux aussi difficiles à identifier, et souvent compliqués à mobiliser.
Prenons l’exemple d’un hôtel qui veut agir sur différents axes pour réduire l’impact environnemental de son établissement. Les acteurs à solliciter et les financements ne seront pas les mêmes pour les sujets de réduction de la consommation énergétique, sur la réduction de la consommation en eau, sur la mobilité douce, sur la gestion des déchets, sur l’approvisionnement local.
Certains des hôteliers avec qui nous échangeons sont souvent découragés d’avance de devoir faire une demande de financement, alors qu’ils sont convaincus de la pertinence des solutions que nous proposons. (Et le seul argument du retour sur investissement ne peut pas les aider : il faut la trésorerie à J-0 pour investir.)
Le contexte de réduction budgétaire dans tous les secteurs ne va pas aider la filière du tourisme à poursuivre ses engagements en faveur d’un tourisme durable. Alors que rappelons-le encore une fois : il est nécessaire et urgent d’investir sans attendre dans la transition écologique, rapidement et efficacement !
(Comme il est absolument nécessaire de continuer d’investir dans l’éducation, la santé, la justice sociale, la lutte contre la précarité, la rénovation des passoires thermiques, la décarbonation des transports… nous ne nous aventurerons pas à classer les plus urgents.)
En conclusion, les professionnels du tourisme ont pris conscience des conséquences du réchauffement climatique sur leur activité et des enjeux pour en atténuer les causes et s’adapter aux conséquences. Ils savent comment agir, mais ont besoin qu’on les aiguille vers les solutions efficaces et vers des outils de financements simples.